Petite explication préalable

Un budget est toujours un moment très attendu dans la vie politique d’une commune, car il constitue la projection chiffrée de l’ensemble de nos dépenses et recettes pour l’année à venir.

Mais budgets ordinaire vs extraordinaire, ou budget communal vs compte communal, késako ?

D’abord il y a le budget dit « ordinaire » qui regroupe les dépenses et recettes récurrentes, indispensables au fonctionnement même de la commune – don’t voici quelques catégories principales : rémunérations du personnel communal, charges d’énergie, dépenses de fonctionnement des différents services communaux, charges des intérêts et amortissements d’emprunts, transferts financiers de la commune vers d’autres entités (CPAS, zone de Police, …) ; aussi les recettes de fiscalité, des taxes, des fonds des communes (qui est versé par la région Wallonne) ou du fonds de compensation pour les travailleurs frontaliers, …

Vient ensuite le budget dit « extraordinaire » qui regroupe lui l’ensemble des investissements projetés pour l’année à venir, par exemples des moyens pour la rénovation des routes, des bâtiments, pour de nouvelles constructions, des investissements dans des espaces verts, dans des budgets participatifs, …. Ces montants d’investissement projetés sont détaillés selon leur source de financement : subsides, fonds propres ou emprunts.

Enfin, si le budget est une projection financière, le compte communal synthétise lui (une fois l’année écoulée) l’ensemble des dépenses et recettes effectivement réalisées.

Intervention au conseil communal du 14 décembre 2023

Chers collègues du conseil communal,

Comme le temps file, nous voici déjà devant le dernier budget communal de cette mandature.

L’occasion est belle de « dézoomer » quelque peu et d’observer la trajectoire prise par notre commune depuis 2018, avec – il y a six ans – un compte qui dépassait alors pour la première fois la barre des 50 millions € tant en dépenses qu’en recettes.

Aujourd’hui, notre budget 2024 s’équilibre à plus de 68 millions, atteignant les 71 millions si on y inclut les recettes des exercices antérieurs.

Soit, sur six années, une augmentation des recettes et des dépenses de près de vingt millions €, c’est dire tout le chemin budgétaire parcouru sur cette mandature.

Sur cette période 2018 (compte) à 2024 (budget), nous constatons des dépenses ou recettes à la hausse de

  • 9 millions € en dépense de personnel, largement impactée par de nombreuses indexations (5 rien qu’en 2022), par la thématique toujours plus prégnante des cotisations de pensions, mais aussi – plus fondamentalement – par de nombreuses et nécessaires embauches dans une commune qui croît et qui voit ses missions de base se développer toujours plus.
  • Plus de 4 millions € d’augmentation en dépenses de fonctionnement, dépenses maitrisées mais nécessairement impactées par la hausse des prix énergétiques et, sans une politique ambitieuse de rénovation et isolation de nos bâtiments (pour rappel 1/3 en moins de consommation de chauffage réalisée sur deux mandatures), aux tarifs de 2022 nous évitions ainsi annuellement +500 000€ rien que pour chauffage et électricité.
  • Des dépenses de transferts en hausse de 25% sur ces six années, pour une augmentation totale de 2.6 millions €, don’t par exemple + 780 000 pour le CPAS, + 246 000 pour la zone de police ou encore + 233 000 pour la Maison de la Culture d’Arlon.
  • En corollaire, des recettes de transfert en hausse (heureusement) de 33%, don’t + 5,5 millions € du fonds des communes, + 1,8 millions du fonds de compensations des travailleurs frontaliers, ou encore + 2,8 millions du précompte immobilier.

Au bout du « compte », sur l’ensemble des exercices, notre boni global est de plus de 3 millions € (il constitue notre « bas de laine ») et nos provisions sont aujourd’hui à hauteur de 7 millions €.

Le tout à fiscalité inchangée, dans un contexte de crises successives, en ayant même dégagé les moyens nécessaires à une diminution attendue de la taxe fixe sur l’enlèvement des immondices pour les personnes isolées (de 150€ à 135€).

Sur ces six années, nous constatons que la population Arlonaise a progressé de près de 1500 habitants, faisant au passage grimper notre Commune au 17ème rang de Wallonie (non loin d’Ottignies-LLN).

Rien que pour fixer les idées, 1500 habitants c’est environ la population totale de Stockem ou de Waltzing à la fin de 2018 (!).

Cette forte évolution au niveau du budget est le reflet de cet essor démographique, de ses défis budgétaires, de ses enjeux d’aménagement du territoire, de logement, de mobilité, de protection de l’environnement, de création d’espaces verts, d’infrastructures éducatives, sportives et culturelles, de ses nombreux défis à rencontrer en matières sociales et économiques.

Autant de défis qui se reflètent aux niveaux de nos investissements.

Investissements pour lesquels on peut qualifier cette mandature de « course de fond », avec sauts d’obstacles, une course indispensable pour permettre un développement continu de notre commune.

Une course haletante pour le Collège et pour les équipes communales, mais une « course aux fonds » pour le moins efficace en termes d’obtention des sacro-saints subsides.

Citons par exemple près de 6 millions € obtenus pour l’Espace Léopold (issus du fonds Européen de développement régional FEDER et des fonds de revitalisation et rénovation urbaine), plus de 3 millions € pour le très attendu parc récréatif de l’Hydrion, plus de 3 millions pour d’indispensables rénovations à la Spetz, plus de 2 millions € en projets de mobilité douce (RAVEL, pistes cyclables, trottoirs partagés, mise aux normes PMR), ou encore plus de 7 millions rien que pour la dernière tranche de la rénovation de l’église Saint-Martin.

Jamais les communes n’auront du autant s’adapter et anticiper leurs réponses aux appels à projet Wallons ou Européens : FEDER, INFRASPORTS, PIMACY, PIWACY, UREBA, POLLEC, …

Des appels à projets aussi (pour certains) très chronophages dans leur méthodologie et – ce – dans un contexte de hausse des coûts à la construction de 33% depuis 2018, sans parler de la hausse actuelle des taux d’intérêts !

Citons pour finir des budgets plus modestes mais au combien utiles en termes de résultats et d’impacts, par exemple les budgets participatifs (un budget dont était issu p.ex la plaine de jeu rue Numa-Ensch Tesch) ou le budget alloué aux primes communales dans le cadre du plan action énergie climat.

Je me permets un dernier clin d’œil – très subjectif – sur ce budget 2024 avec le montant de 100 000 € prévus pour les études et planifications préalables à la rénovation énergétique de la Maison de la Culture, croyez-le c’est absolument indispensable de pouvoir – enfin – avancer en …2024 !

Merci pour votre écoute.

 

Matthieu Sainlez

Chef de groupe Arlon 2030